Le dilemme de la machine à coudre
- Mélissa Langlois
- 7 mars 2016
- 4 min de lecture
Je vous explique la situation. J’ai une vieille machine à coudre, elle fonctionne très bien et a réussi à passer à travers les nombreux déménagements que je lui ai fait subir. C’est de la bonne vieille mécanique. Cependant, inévitablement, certains morceaux commencent à être trop usés et la machine finit par ne plus fonctionner. Le prix de la réparation revient à peu près au même que celui d’une machine neuve. Sachant que si je répare la vieille machine, elle durera probablement plus longtemps que la nouvelle, j’ai un gros dilemme concernant ce que je devrais faire.
La question à 100$ (ou plus)
Je sais que cette situation est courante de nos jours. Que ce soit une machine à coudre, un électroménager, une tondeuse ou autre ancien objet pas tuable, le choix de la réparation ou du remplacement est souvent difficile à faire. La raison pour laquelle cette décision est si difficile à prendre est l’obsolescence programmée des nouveaux objets. En effet, les objets sont conçus en fonction du fait qu’ils doivent briser après un certain temps d’utilisation, ce qui n’était pas le cas dans le «bon vieux temps». Cette pratique des compagnies dans le but de faire plus de ventes pousse donc les consommateurs à essayer de conserver leurs vieux appareils afin de faire des économies à long terme. La question quand un vieil objet brise est alors : réparer ou remplacer?
Remplacer?
Remplacer un objet brisé est malheureusement le réflexe du consommateur d’aujourd’hui. Souvent, on jette un objet qui aurait pu être facilement réparé et qui aurait continué de fonctionner. Quand nous décidons d’acheter un objet neuf pour remplacer l’ancien, il arrive que l’industrie ait inutilement inséré des options électroniques qui vont faire en sorte qu’un bris va arriver plus vite. Il faut comprendre que les composantes sont faites de plus en plus petites et fragiles et que ce n’est pas pour rien. Par exemple, les nouvelles automobiles munies d’un ordinateur de bord qui gère le système complet d’une voiture, même la pression des pneus. Honnêtement, est-ce que nous avons vraiment besoin d’un niveau de gestion électronique aussi élevé? En fait, ces mesures qui se veulent pour la sécurité de l’utilisateur sont aussi mises en place afin que nous soyons obligés de faire réparer l’auto au lieu de simplement acheter les morceaux défectueux pour les changer nous-mêmes. Cet exemple n’en est qu’un parmi tant d’autres qui montre à quel point les compagnies obligent volontairement leurs clients à consommer plus qu’ils ne l’auraient fait avec un système adapté à leurs véritables besoins. Au lieu de gager sur la qualité, de nos jours, la plupart des concepteurs d’objets misent plutôt sur l’excès, la complexité et le périssable.
Réparer?
Réparer un ancien objet peut être coûteux, car il faut trouver les pièces et quelqu’un qui a la capacité pour faire le travail de remplacement. Cependant, il y a des réparateurs spécialisés qui peuvent dire combien le travail coûtera. Lorsque vous leur faites faire une soumission, vous êtes ainsi capables de faire un choix éclairé concernant le prix et la qualité de fonctionnement future de l’objet. L’option de réparer un objet a beaucoup d’avantages. Notamment, vous savez que vous ne vous ramasserez pas avec une machine défectueuse et irréparable une journée après la fin de la garantie, car votre vieil objet a vraisemblablement des morceaux qui peuvent être changés. Vous savez alors que cet objet est de qualité et qu’il durera longtemps même si vous avez à faire des réparations d’entretien. De plus, vous économisez à l’environnement le poids d’un objet technologique neuf et d’un ancien objet jeté ou recyclé.
Le poids de la consommation
Bien des gens ne sont pas sensibilisés aux conséquences de la consommation sur l’environnement et la société, mais ces enjeux sont actuels et de taille. En effet, lorsque vous jetez un ancien objet et que vous en achetez un autre, votre poids sur l’environnement est double. L’objet en question peut être recyclé, ce qui coûte des tonnes d’argent en énergie de chauffage pour de faire fondre les composantes et en refaire d’autres. En plus de consommer de l’énergie fossile pour le déplacement des camions, les objets que jetés aux ordures sont enterrés dans des sites d’enfouissements, insérant alors des composants chimiques dans le sol qui y resteront pour des centaines, voire des milliers d’années. L’objet que vous aurez acheté, quant à lui, aura parcouru la moitié de la Terre, utilisé des matières premières non renouvelables, fait travailler des personnes sous-payées et mal traitées en plus de briser dans un an et de ne pas être réparables.
Finalement, la réparation d’un objet devrait toujours être la première chose qui nous vient en tête. Il en va de notre responsabilité environnementale et sociale, mais c’est aussi dans notre intérêt, car acheter des objets neufs de nos jours revient à se condamner à racheter le même objet tous les trois à cinq ans. L’option de remplacer un objet devrait être envisagée dans le cas où l’objet est vraiment brisé et le choix devrait se porter sur un objet de rechange ayant un système de qualité.
Article écrit pour le Journal MRG, Lac-Mégantic.
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